Au début je m’étais dit : allez ce coup-ci pas de CR… Le côté « j’aime pas la Saintelyon et je n’aime tellement pas ça, que je te fais l’aller et retour en 24h tiens tant que j’y suis » je vous l’avais déjà servi l’année dernière. Moi agonisante sur les quais, à Lyon, en me demandant ce qui m’avait encore pris de m’engager dans cette aventure, le regard totalement consterné de mes enfants devant leur mère incapable de se relever de la table après le déjeuner dominical pour cause de jambes tétanisées par la douleur… Mais une chose était sûre : dans cette aventure, j’avais adoré l’aller !!! Un vrai bonheur, une vraie rencontre comme la course à pieds nous l’offre parfois, et l’idée de passer à côté cette année me posait un « léger insignifiant petit » problème (private allusion à une citation dans un film, comprendra qui veut !). Alors voilà, c’était décidé, j’allais faire l’aller et sauter dans la voiture de l’attachée de presse pour rentrer bien au chaud à Lyon pour voir arriver enfin les avions à réaction qui doivent avoir des heelys aux pieds pour faire un temps pareil… Vous savez les chaussures avec roulettes intégrées ? Ni vu ni connu je t’embrouille et je te fais les descentes le nez au vent, genre je décolle sur les ralentisseurs. Mais promis juré craché je n’allais rien raconter pour ne pas vous bassiner encore une fois.
Seulement ne rien dire aurait été passer sous silence le travail inouï qu’Arthur et sa famille ont fait pour nous offrir une balade inoubliable. Et ça je ne pouvais pas. Alors c’est parti, on y retourne : « Barbie n’aime pas la boue 2, le retour ! ».
le groupe au grand complet !
On plante le décor !
Question entraînement, je suis comme qui dirait dans du grand n’importe quoi… Donc du classique pour moi. Alors je résume pour ceux qui n’auraient pas suivi : en un mois nous avons le marathon de NY couru tranquillou en 4h09 pour ne rien casser, un semi à Boulogne en 1h50 pour ne rien casser et un marathon de la Rochelle en 3h47 pour tout casser ! Mouais… j’ai connu mieux comme prépa mais comme ils annonçaient de la pluie je me suis dit que je n’avais pas à regretter mes heures prévues à la patinoire pour travailler mon salto arrière triple piqué ! La semaine qui suit le marathon de la Rochelle, force est de constater que tous les voyants sont au vert. Je vais plutôt bien, j’ai fait semblant d’avoir mal aux jambes le lundi mais dès mardi je cours comme une dératée dans mes escaliers. Ouais ça va je sais, ça veut surtout dire que je ne me suis pas assez donnée et que ce n’est pas comme ça que je ferai 3h30 un jour. Mais voilà l’idée commence à germer dans mon cerveau dérangé : et si je risquais la doublette ? Pourtant, je me souviens de l’année dernière et de mon retour totalement pathétique, de moi allongée sur un banc demandant qu’on m’achève… Jeudi soir je n’y tiens plus, j’envoie un mail à mon attachée de presse préférée pour demander si je peux changer le voyage organisé « retour à Lyon les fesses au chaud » par « retour à Lyon les fesses dans la boue ». Vendredi réponse : pas encore sûr mais ça devrait le faire. Je pars donc sur l’ancienne capitale des Gaulles sans vraiment être certaine de pouvoir courir le retour. Mais je considère que ce sera un signe du destin en fait. Si ça marche, c’est que ça doit passer. On s’accroche vraiment à n’importe quoi par moment je vous jure !
Diner des plus excitant dans un resto wok avec nouilles sautées crevettes poulet et dessert délirant avec ananas pour manger toutes les graisses et une montagne de chantilly, de meringue et de caramel ! Tu m’étonnes qu’après ça je me sois endormie comme un bébé !
Ah les quais de Lyon…
Debout plutôt en forme, je finis de me préparer et j’enfile ma tenue de lumière pour descendre à la salle du petit déjeuner, bien décidée à terminer de façon très sérieuse ma charge glucidique. J’adore utiliser des expressions comme celles là, genre « je maîtrise vachement le sujet »… Alors qu’en fait j’ai juste pris mon petit déjeuner normal avec pain, beurre demi-sel, miel et compote. Je m’amuse à observer les gens qui m’observent, moi la fille déguisée en sportive. Je m’amuse à observer ce directeur national qui arrive dans la salle 2 secondes avant la directrice régionale avec laquelle il a clairement passé la nuit, les 2 faisant comme si de rien était. Ah qu’il est bon de constater que le monde du travail est tel que je l’ai laissé il y a quelques années ! Bon, ce n’est pas tout ça, mais j’ai 138 bornes à courir moi ! Je file payer ma chambre tout en demandant à la gentille réceptionniste une paire de ciseaux pour couper les étiquettes de mes chaussures neuves. Comment ça il faut avoir fait ses chaussures avant de courir un ultra ? J’ai dû louper le chapitre dans mon bouquin ! On a rendez-vous à 8h30 et je ne veux pas être en retard. Au moment où je pense ça, un sms tombe, mon inscription pour le retour est validée. Ok, bon ben maintenant il va falloir assurer…
Ça commence bien d’ailleurs puisque le rendez-vous était à 8h00 en fait. J’aime ce genre d’arrivée discrète où tout le monde te regarde et t’attend. Punaise mais je ne suis pas folle quand même j’ai bien lu 8h30 quelque part non ? Ben oui ma grande, l’année dernière tu as lu 8h30, pas cette année… Alléluia je ne suis pas la dernière puisque Jean-Michel, déjà de la partie l’année dernière, arrive encore plus à bourre avec son sac fait à l’arrache avec 2 petites bouteilles de coca en guise de gourdes ! J’adore ce mec ! Définitivement ! Récemment finisher du Tor des Géants, il est la gentillesse incarnée et je me marre toujours à le voir arriver comme ça, genre « tiens ce matin si j’allais courir 100 bornes, j’ai un créneau dans mon emploi du temps ». Quand je pense au bazar que certains font parce qu’ils vont courir 20 bornes… Un stage avec Jean-Michel et zou on n’en parle plus !
Il y a bien sûr Arthur, la biscotte et Thierry qui étaient de la partie l’année précédente. Et le papa d’Arthur, l’homme le plus patient du monde avec moi ! Sont de la partie 15 autres coureurs cette année et tout le reste de la famille Baldur pour la logistique. Parce que cette année attention nous ne jouons plus du tout dans la cour… ça sent le professionnel à plein nez cette histoire. Nous avons même le droit à un buff customisé pour l’évènement ! Heureusement c’est la biscotte qui s’occupe du tracé GPS avec plus ou moins de succès, histoire de redonner un côté off à tout ça ! Photo de départ traditionnelle, au revoir aux bénévoles déjà sur place avec le désormais traditionnel cri de ralliement de notre bande d’allumés : « A demain ! ». C’est fou j’aime ce côté retrouvaille, rien ne change, notre foulée s’installe naturellement. Nous avons signé pour 11h et nous allons en profiter pendant 11h. Une seule chose change : ben elle est où la neige ??? Arthur c’est quoi ce bordel !!! Bon il ne pleut pas vraiment, c’est déjà ça.
Eh ben moi je dis avec un GPS aussi efficace on n’est pas arrivé à Saint Etienne… C’est dans l’autre sens Biscotte !
Et nous voilà partis avec comme premier point d’arrêt, comme l’année dernière, la boulangerie de Souçieu qui va voir débarquer une bande de gentils coureurs déjà affamés. Quand je vous dis que tout cela s’est professionnalisé, j’en veux pour exemple le formidable lâché d’écureuils formidablement orchestré par l’Arthur Team pile au moment de notre passage. Non vraiment du grand art… Après les pingouins de l’année dernière, la LyonSaintelyon c’est mieux que Thoiry c’est moi qui vous le dis ! Enfin non, il y a quand même quelques hics dans cette formidable organisation et ça commence à la fameuse boulangerie. Je peux savoir pourquoi il n’a pas été demandé comme l’année dernière au boulanger de me faire mes petits pains spéciaux avec des graines et des raisins secs ? Je fais comment moi ? Bon ben tant pis je prendrais un flanc mais que ça ne se renouvelle pas ce type d’erreur… ça pique-nique sans le superbe soleil de l’année dernière qui nous avait presque donné des jolies marques de bronzage en plein décembre et c’est reparti. Ce qui est assez miraculeux avec un off c’est qu’on ne ressent pas du tout l’effort de la même façon. On papote avec la petite bande de l’année dernière, ça fait l’accordéon, je passe de la première à la dernière place sans me poser de question. Enfin j’évite la première place autant que possible parce que mon sens de l’orientation n’est pas ma principale qualité. Autant dans un centre commercial, j’ai un instinct qui frôle le mentalist sur TF1, autant dès que j’ai des baskets aux pieds c’est la cata…
En route maintenant pour Ste Catherine, son cimetière, sa salle polyvalente, son terrain de foot et surtout son ravito !!! Là, les choses sont clairement annoncées : le but de ce off est de nous faire prendre 2kg… C’est juste pantagruélique et comble de la joie de la coureuse qui se satisfait des petites choses de la vie, il y a de la bonne soupe chaude avec des vermicelles dedans, tout ça au chaud sous les tentes, privilège négocié d’une main de maître par le papa du grand chef ! C’est bête à dire mais moi cette soupe je l’adore quand je cours longtemps. Et comme il y a un gros sac de m&m’s amené par Jean Michel, je suis juste comblée. Et pour continuer dans le off totalement délirant nous avons même le droit à un petit tirage au sort pour gagner un dossard pour un autre trail, officiel celui là. Et ben moi qui avais dit l’année prochaine les 4 deserts, rien que les 4 deserts, ça y est, ça part déjà en cacahuètes cette histoire… J’ai aussi un autre privilège (oui je sais vous êtes là devant votre écran en vous demandant « mais pourquoi je n’y étais pas !), je vais pouvoir inaugurer de façon solennelle les toilettes super propres avec même du papier dedans !!! Le truc totalement hallucinant pour moi !!! Et comme je sais qu’il y a très peu de chance qu’au retour ce soit dans le même état, j’en teste 3 pour en profiter de ce privilège au maximum !
Le paquet de m&m’s tout planqué dans le fond il est à moi ! Merci Jean Michel, toi tu sais parler aux blondes !
Mais il n’y a pas bonne compagnie qui ne se quitte et zou c’est reparti, direction Saint Etienne maintenant, sa ZUP, son palais des Sports, son Quick… Le dernier tronçon sera comme toujours animé par Arthur qui essaye de nous faire croire tous les ans qu’au fond, là, c’est bien le Mont Blanc qu’on voit… Mais oui mon garçon c’est ça… Et si je monte sur tes épaules, je vois la Corse ? Le feu d’artifice de St Etienne spécialement mis en place par l’Arthur Team pour notre arrivée en vue de la ville… Bref du grand, du très grand ! Nous sommes enfin à St Etienne et là les ennuis commencent un peu. Mais pourquoi bon sang, ils ont changé l’emplacement de la ligne de départ. Je sais que je vais me fâcher avec tous les Stéphanois présents derrière leur écran mais bon moi je m’en fous du chaudron et encore plus du stade. Je suis coureuse pour info, pas footballeuse que je sache ! Quoique maintenant qu’elles portent le tee-shirt marinière, totalement ridicule sur les mecs mais plutôt seyants sur les filles, je me pose la question du changement de discipline. Mais je m’éloigne de mon sujet là ! Après un petit jardinage et l’immanquable « j’ai perdu la trace » de la Biscotte, enfin nous y sommes ! Mais ce n’est pas fini, puisqu’il faut encore rejoindre ce foutu palais des sports pour enfin se poser un peu. Je sais que je fais ma grincheuse mais là franchement il faudra qu’on m’explique l’intérêt du truc… Une chose est sûre, nous sommes enfin au chaud, je peux récupérer mon sac de voyage tellement énorme qu’on se demande si je ne vais pas faire 4 allers retours et direction la salle presse pour retrouver les copines. J’avoue, j’adore retrouver maintenant régulièrement mes collègues au fil de nos courses communes. Je sais qu’il y aura forcément Sabine qui n’en menait pas large l’année dernière même si elle s’en est très bien sortie finalement, Sylvain et Christophe les 2 inséparables maintenant sans oublier Pomme l’attachée de presse de la course qui nous fait des miracles tous les ans pour que nous soyons tous bien. Après les civilités d’usage, il faut se rendre à l’évidence : j’ai faim !!!!
Direction le Quick comme tous les ans maintenant. J’ai juste décidé de changer mes habitudes en revenant dîner tranquille en salle presse. L’année dernière je m’étais gelée à cause des courants d’air et je ne veux pas reprendre froid. Je tombe hélas sur un serveur qui a décidé de me rendre chèvre… Attends si tu ne te bouges pas plus mon garçon je vais sauter par-dessus le comptoir pour l’attraper mon long chicken ! Donc le menu de ce soir sera très protéiné pour la récupération musculaire avec des frites pour les sucres lents et un assortiment de petites mignardises au chocolat pour accompagner le café histoire de recharger également en sucres rapides et en caféine… punaise ils font un espèce de muffin miniature avec du nutella dedans, une tuerie orgasmique ! Alors oui je sais j’entends d’ici les critiques, les remarques « comment ? tu valorises la junk food ? ce n’est pas bien tu as pensé à ton cholestérol ? ». Vous savez ce qu’il vous dit mon cholestérol ? Il vous dit que je viens de courir 68 bornes alors si mon cholestérol il a envie d’un long chicken je lui donne un long chicken ok ?
Enfin il faut croire que mon régime alimentaire « ultra » surprend toujours parce que je serai prise en photos à de nombreuses reprises en train de tremper mes frites dans la mayonnaise.
Je me change enfin, j’en profite même pour me faire une petite toilette de chat histoire de ne pas asphyxier le gentil pompier en cas de malaise au retour et j’amorce la partie la plus difficile de la soirée : prévenir chez moi que sur un léger malentendu et malgré mes promesses j’allais m’élancer en courant vers Lyon. N’écoutant que mon courage, et assumant à mort ma décision, j’envoie un sms… Pitoyable… du style « euh tout va bien, du coup je vais rentrer en courant, mais promis je prends mon train de 12h35 comme prévu ». Et j’attends… et j’attends… le téléphone vibre, le sms est là. Anxieuse je guette le « bon maintenant ça suffit tes conneries, tu ne bouges pas je viens te chercher tout de suite » mais je lis « tu as un train à 14h35 aussi. Fais attention à toi quand même ». Là je crie un « ye ah » conquérant, j’ai l’accord de principe, je peux partir l’esprit tranquille. Je retourne à mes petites affaires.
J’avais un souvenir d’un joyeux bordel bien stressant pour laisser nos sacs dans les bus qui repartaient d’abord à Lyon avant de faire ramassage scolaire de coureurs abandonnés et j’avais bien l’intention d’éviter tout ça cette année. Je prépare toutes mes petites affaires, j’en fous partout genre je monte un camp gipsy et je file emmener mon sac de voyage à destination. Je suis tranquille, je peux me reposer les jambes en l’air sur le mur, tout en discutant avec la première représentante de l’équipe relais Running pour Elles. J’observe du coin de l’œil ma copine Sylvaine qui s’occupe de son homme Manu, avec une tendresse qui me fait fondre… Mais pourquoi on ne s’occupe pas de moi comme ça ? Et puis lui d’abord, il n’en a pas besoin qu’on s’occupe de lui, dans 5h il a fini la SteLyon, il est douché, tout propre et il a refait son brushing. Ok, il ne fait pas de brushing… Je l’ai vécu une fois sur un 100km à Millau et j’avoue ça me manque parfois d’avoir à mes côtés sur des courses qui le permettent quelqu’un qui s’occupe de savoir si j’ai faim, froid, soif. Bon allez arrête de rêvasser ma grande, la réalité est tout autre : là tu as un peu plus de 69 km à faire et il faudrait penser à se bouger un peu les fesses parce qu’à ce rythme ton train tu peux l’oublier. Je rassemble mes petites affaires, je remplis mes gourdes, j’enfile ma veste et je mets mon garmin… Mon garmin ??? Punaise il est où celui là encore ??? Ben dans ton sac de voyage ma grande, tu sais celui que tu as emmené super tôt pour être tranquille, même sac qui maintenant est en route pour Lyon, ville qu’il va atteindre avant toi… Mais je suis maudite !!! Ah oui j’oubliais la bonne blague aussi : j’ai une frontale petzl core qui se recharge sur secteur. Comme je savais que j’aurais une prise, je n’ai pas pris de pile mais comme je l’ai cassé dans mon sac, je n’ai pas pu recharger ma lampe. Oh d’un autre côté une frontale sur la Saintelyon ça sert à quoi ??? Il y a pleins de coureurs autour de moi non ? Donc on résume, je prends le départ d’une course de nuit avec une frontale faiblarde, pas de chrono mais ce n’est pas grave j’ai un shuffle ! Je vais te gérer ça à l’ipod et roule ma poule. Par contre j’ai compris une chose l’année dernière : ton temps record tu oublies, si à Lyon tu veux arriver en vie. Donc j’ai mis 11h à l’aller, je mets 11h au retour, point barre à la ligne. Je vais te gérer ça tranquillou, en profitant des paysages que je ne verrai pas puisqu’il fait nuit et en m’isolant totalement dans ma musique pour vivre ma course comme je l’aime, pour moi toute seule et en vase clos.
Allez je ne suis pas d’ici…
4ème page de récit et je suis toujours à Ste Etienne… Allez on accélère genre Benny Hill !!! Départ : j’ai cherché les copains mais comme l’année dernière je n’ai vu personne. Je pars tranquillou et là, c’est simple, je pense que 3000 coureurs m’ont doublée… Ok ton amour-propre tu te le mets dans ton camel bag et tu avances à ton rythme et surtout tu feras comme d’habitude, tu vas tous les ramasser les pépères partis trop vite ! Blague à part vous raconter ma course n’a pas un intérêt phénoménal parce qu’il ne va rien se passer de spécial. J’avance sans me poser de questions dans de la glaise qui me fait plus penser à un stage grandeur nature de mako moulage. Je passe aux côtés des coureurs à terre sous des couvertures de survie (à qui je demande toujours s’ils ont besoin de quelque chose, je tiens à le préciser) et je me dis qu’il faut que je fasse gaffe quand même. Je relance dès que je peux courir sans risque et ravito après ravito je fais mon petit bonhomme de chemin. Ste Catherine : il y a toujours les toilettes et surtout un stand petzl. Une gentille jeune fille m’installe un jeu de piles qui me sauve la vie. Je vais doubler sans le reconnaître Biscotte qui fera de même quelques km plus loin, je papote un peu avec Thierry qui file pour finir en moins de 10h. Je vois à presque tous les ravitos Carole une amie FB qui se téléporte sans que je comprenne bien comment. Elle assure la logistique d’un coureur qui sera toujours juste derrière moi. Et j’avance… Et Lyon est là, et je pars à l’attaque de ses foutus quais qui n’en finissent jamais. Je sais déjà que mon objectif est atteint, je serai en 11h ou juste en dessous si je veux bien me bouger un peu le popotin ou plutôt tenter de lever les genoux. C’est fou parce que ce retour est le jour et la nuit par rapport à l’année dernière. Aucun moment vraiment difficile à proprement parlé, évidemment je suis fatiguée, faut pas pousser non plus je ne suis pas un robot mais bon dans l’ensemble ça va. Maintenant ça fait 10 h que je suis en tête à tête avec mon shuffle, il est temps de vérifier si je parle toujours !!! 2 coureurs sont à mes côtés, l’un a un buff avec écrit « corsica » dessus et je me rappelle la réflexion d’un copain corse qui m’avait dit un jour « tu sais on s’entend bien parce que les bretons et les corses sont fait du même bois dont on fait les 3 mâts qui traversent l’atlantique ». Alors je commence à discuter, à expliquer que j’ai fait l’aller retour, ok j’avoue il y a eu comme un flottement genre « non mais elle se fout de nous la fifille ? » et puis nous discutons un peu même si nous sommes tous clairement dans le dur. Nous alternons course et marche et puis enfin le dernier km est là et je donne le top départ. On est venu là pour courir on va finir en bon coureur pavlovien en coureur sur ce foutu tapis bleu. Ok je n’ai pas battu mon record sur 10 bornes mais je trouve qu’on avait fière allure moi ! Nous passons la ligne d’arrivée, j’aperçois un 10h53 ou quelque chose dans ce goût là sur le gros chrono et je suis juste heureuse. Heureuse d’avoir fini, heureuse d’avoir atteint l’objectif que je m’étais fixée sans jamais basculer de l’autre côté, heureuse d’avoir partagé ce moment avec 2 coureurs que je ne connais pas mais qui savent ce qu’on vit, ce qu’on ressent pendant ce moment-là, cet étrange mélange de douleur, de bonheur, de fatigue extrême mêlée à l’excitation du pari gagné contre soi-même. Hasard ou coïncidence, au moment où je passe la ligne Manu monte sur la 2ème marche du podium pour recevoir son trophée. Lui attend ce moment depuis 5h…
Le premier qui touche à mes pim’s est un coureur mort…
Je salue mes compagnons des derniers km et je file chercher mon sac qui est cette fois rangé dehors sous des tentes. Comme toujours il n’y a pas de grande difficulté pour le trouver, parce qu’il est un peu seul au monde. Alors que je me traîne, les bénévoles me disent que j’ai l’air quand même un peu fatiguée (non tu crois ?) et je leur raconte que j’ai fait l’aller retour. L’un d’entre eux me corrigent : « non, vous avez fait le retour et l’aller » ! Mais c’est qu’il a raison le garçon ! Direction les douches des femmes qui, privilège exceptionnel sont restées dans le palais des sports. Autre privilège et je tiens à le signaler même si je vais faire rager mes collègues masculins qui n’étaient pas du tout logés à la même enseigne, elles sont chaudes et surtout très propres. Une dame du staff des bénévoles est en charge de les nettoyer en permanence ! Carrément le jour et la nuit par rapport à ma première Saintelyon où les douches étaient plus boueuses que le parcours… Je ne vois aucun de mes petits camarades en repartant mais je me doute que mes « 4 nains » ont fini brillamment connaissant mes loustics et j’espère qu’il en est de même pour le reste de la troupe. Il faut que je file, j’ai un train et j’ai promis de le prendre. J’adore l’ambiance à la Part Dieu où l’on voit des coureurs marcher au ralenti avec le monde qui tourne autour d’eux, beaucoup trop vite… Un sourire suffit à se comprendre, oui moi aussi j’y étais, moi je sais. N’allez pas croire que je ne souffre pas surtout ! Alors que la course s’est passée sans encombre, je descendrais à Moulins avec tellement de difficulté du train accrochée à la rampe que j’aurais toutes les peines du monde à faire croire que si si, 4 h avant je courais pour franchir la ligne !
Allez c’est cadeau, le fameux bois en plein jour avec des feuilles !
Et voilà encore une belle histoire qui se finit. Cette LyonSaintelyon était très particulière pour moi parce qu’elle était presque une revanche sur celle de l’année passée. J’ai le sentiment d’avoir appris à gérer les efforts, à accepter d’oublier mes chronos d’avant pour me mettre à mon nouveau tempo. On ne court pas 136 km comme on court 68. Oui ça énerve mais voilà c’est comme ça. En tout cas merci Arthur et Biscotte d’avoir relancé l’idée, merci à vous 2 d’avoir eu l’idée d’embarquer l’année dernière une petite bande qui pourra toujours dire « j’y étais » et merci à la team Baldur pour son incroyable gentillesse et sa présence à nos côtés, nous les allumés de la Sainté…
Barbie. 🙂
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