Saintélyon 180 – 144 km
Après une coupure conséquente liée à un évènement heureux que réserve la vie, me voici embarqué dans la dernière sortie de l’année, sans aucune pression mais avec beaucoup d’excitation. Après trois Saintélyon consécutives, je m’étais promis de faire une pause avant d’y revenir. Mais l’invitation du Lyon Ultra Run et de son président Arthur Baldur ne pouvait que me faire changer d’avis !
La 180, kézako ?
Le principe est simple : faire l’aller-retour de Lyon à Saint-Etienne. Et l’intérêt est bien sûr dans cet aller hors norme, auquel participent une vingtaine de coureurs pré-sélectionnés. On part ensemble, on arrive ensemble. Cela permet d’arpenter le chemin « en sens inverse » pour profiter des paysages et surtout d’un moment d’échanges et de convivialité. Le Off est organisé par le Lyon Ultra Run depuis plusieurs années, ils n’en sont pas à leur coup d’essai et ça se sent ! Les vieux Ensuite, et après quelques heures de repos, vient le départ de la course plus officielle que l’on connaît bien.
Vendredi 4 décembre
Transfert jusqu’à Lyon en covoiturage. Merci Dom, Gil, Isa et Philippe pour cet agréable trajet qui est passé bien vite. Arrivée à Oullins, puis direction le 7ème arrondissement pour une courte nuit dans un guesthouse surprenant.
Samedi 5 décembre – 6h du matin, halle Tony Garnier
Que de nouvelles têtes à ce rendez-vous. Il m’est un peu difficile de retenir tous les prénoms et j’en suis bien désolé. Se préparer, s’équiper en « 180 » (badge et t-shirt), remettre à l’organisation les mets que l’on partagera au déjeuner sur le parcours, écouter le briefing et… Go !
La ville dort encore et nous l’abandonnons à son réveil pour nous en extirper par les hauteurs. Echauffement sur bitume, traversée d’un parc d’accrobranches, nous sommes bien vite dans le rythme de la journée. Doucement mais sûrement, et surtout tous ensemble, c’est le leitmotiv. Le jour se lève sur la ville embrumée et de gros nuages surplombent les hauteurs vers lesquelles nous nous dirigeons. Km 10 Chaponost, tout va pour le mieux. Nous commençons à gentiment remonter après le franchissement du Garron. Tout est très sec avec de beaux tapis de feuilles confortables. Pas de boue, pas de neige. Ohé, on est bien sur la Saintélyon ? A Soucieu-en-Jarrest, je crois qu’on dévalise la boulangerie du village en viennoiseries, pâtisseries et tartes salées. Pour ma part, c’est feuilleté aux pralines et pastéis de nata (étrange cette spécialité portugaise en terre rhône-alpienne !). Je profite de cette pause bienvenue pour me réchauffer avec un café sur le stand du téléthon voisin.
Et c’est reparti vers Saint-Genou, où un traquenard se dresse au bord du chemin : un ravitaillement très spécial concocté par Jean-Michel Touron, sympathisant de l’aventure et traileur aguerri. Merci pour ce petit mojito qui redonne du peps et fait oublier la fatigue ! Nous en avons tous besoin pour la longue montée technique du bois des Marches, longue, longue. Cela nous permet de passer au-dessus des nuages, quel plaisir ce soleil. Et la montée qui continue jusqu’au signal, point culminant de la journée à 934 m. Contemplation de la mer de nuages d’où émergent les îles des Monts d’Or. Superbe arrêt. La descente qui suit nous mène à Sainte-Catherine, LE village où la Saintélyon se jour pour beaucoup (au retour j’entends).
Nous y faisons une pause d’une bonne heure, et c’est très festif : chacun partage les spécialités de chez lui avec des boissons, un vin chaud et de la soupe qui coulent à flot. Au mileu de cette joyeuse agitation a lieu le tirage au sort d’un dossard suprise pour chacun (le Grand Trail du St-Jacques pour ma part !) et la distribution de la généreuse dotation du partenaire Led Lenser, une très chouette SEO7 dernier cri. Franchement je n’ai jamais vu cela !
Les meilleures choses ayant une fin, il est temps de repartir. Nous retrouvons la brume sur les hauteurs où le groupe se distend quelque peu mais se retrouve. Et suprise, peu avant St-Christo-en-Jarrez, le retour du ravitaillement de Jean-Michel. Trop fort ! Ca sent bon, car on aperçois au loin la vallée, et le jour tombant nous rapproche des lumières de la ville. Après Sorbiers, la fin est un poil longue sur le macadam des grands avenue stéphanoises, mais pas déroutante pour autant. c’est un peu avant 20h que nous passons l’arche à Saint-Etienne, bien contents de ce voyage Off, le calme avant la tempête !
Samedi 5 décembre – 20h, Saint-Etienne
Quatre heures pour se retaper, c’est beaucoup et peu à la fois. Je décide de manger rapidement au Flore en compagnie de la troupe pour aller dormir juste après. Le repas est copieux et adapté : pâtes à volonté, que demander de plus ? Euh… j’avoue en abuser car les deux assiettes ne me font pas peur. Je gagne ensuite le bouillon du parc expo pour retrouver avec plaisir l’équipe tourangelle laissée la veille, à savoir Isa, Philippe et Bruno. Et là c’est le drame… trop de pâtes, trop vie, je ne parviens à dormir qu’une demi-heure moi qui ai pourtant un sommeil de plomb. Finalement on me réveille à 23h pour une préparation expresse.
Dimanche 6 décembre – Minuit, Saint-Etienne
3, 2, 1… Go ! Je pars doucement et m’aperçoit vite que la limite est là, mon estomac fait des tourbillons. Je calme bien sûr l’allure et marche beaucoup. Sorbiers, St-Christo, j’arrive ici en mauvaise posture. Je sais qu’il faudra marcher, marcher… ou employer les grands moyens. Je croise Will et me remémore une discussion entre Antoine Guillon et Denis Clerc dans le Caroux. Antoine y disait que quand tout était bloqué, il fallait se faire vomir pour repartir sur de bonnes bases. Pas très élégant mais bigrement efficace. Km 18, aux grands maux les grands remèdes ! Je peux vous dire que c’est libérateur, en quelques minutes je passe de tortue nonchalante en lièvre bondissant.
Autrement dit, après les remontées, LA remontée (élégant non ?!) : je rejoins Bruno à Sainte-Catherine et l’accompagne dans l’ascension qui suit, je cours beaucoup, fuse dans les descentes, marche dans les côtes et relance sur le plat. Je ne vois même pas l’équipe de la 180 au signal, c’est dire ! (j’en serai le premier désolé par la suite) A chaque ravitaillement, l’arrêt est express, et puis le jour se lève. Soucieu-en-Jarrest, Chaponost, et le morceau de bravoure, l’aqueduc de Beaunant. A 4 km de l’arrivée, je retrouve Isa avec surprise, et nous finissons ensemble ce périple pour une entrée rapide en ville. La halle Tony Garnier est en ébullition, c’est fini ! J’en profite pour échanger quelques mots avec l’homme du jour, Benoît Cori (5h07 !). Philippe, arrivé il y a peu est là, ainsi que Nath, Dom, Gil, Will…
En guise de conlusion
S’il faut tirer un bilan de ces quelques 144 km, c’est tout d’abord que l’aller fut vraiment le point d’orgue : un groupe sympathique, une organisation du LUR aux petits oignons, des partages d’expériences et de bonne humeur, une généreuse dotation, un pique-nique royal, une ambiance de rêve dans l’esprit trail originel. Je signe et resigne ! Pour le reste, je me demande encore s’il s’agissait de la Saintélyon, celle où la neige, le verglas et le froid vous brise l’échine et vous trimballe dans tous les sens ! Il s’agissait en tout cas d’une chouette course nocturne. J’ai pu remonter quasi 2000 places à parti du moment où j’ai retrouvé des couleurs. Je finis en 11h02, 3996ème sur 6500 partants.
Merci Arthur, Nicolas, David, Reynald, Cédric, Corinne, Gabriel, Wilfrid, Ronan, Fabrice, Jean-Baptiste, William, Ana, Frédéric, Daniel, Thomas, Joëlle, Anthony, Olivier, Isa, Philippe, Bruno, Dom et Gil… et mille excuses à ceux que j’oublie ou dont je ne connais pas le prénom et que j’ai pu croiser en chemin !
Merci pour ce superbe récit qui permet de savoir comment tu ressents les choses au coeur de la course.