A la recherche de ma cinquième étoile.
Ayant déjà eu droit à la pluie, au verglas, à la neige, au froid et à la boue, au Gilou, au Cabecou, voire à Céline-la-perfectionniste, à Coco-la-furie ou Ana-la-crâneuse, je suis arrivé pour cette cinquième participation avec tous mes vaccins à jour et l’âme vindicative. Non Ana, pas possible que tu me déposes en montée en me tapant sur l’épaule et en lâchant « soyez forts les gars », pas question de faire du sur-place dans la boue ou de tomber en tentant de me relever sur une plaque de verglas. Cette année, je suis un homme, un vrai.
Ça commence assez mal Vendredi. Passage à la pharmacie pour acheter de quoi protéger mon précieux et unique postérieur.
Poli, je demande de la crème pour fesses de bébés irritées.
Polie, la pharmacienne me demande ce que prend ma femme d’habitude.
Surpris, je réponds qu’elle n’a pas dû en acheter depuis près de 20 ans, vu l’âge de nos gros bébés.
Méfiante, elle surenchérit « c’est vraiment de la crème pour bébé que vous voulez », en insistant un peu trop à mon goût sur le mot « vraiment ».
Piqué au vif, je hausse le niveau de jeu en lui précisant que si j’avais voulu du lubrifiant sexuel, je lui aurais indiqué. Peu de monde sait que je passe la nuit avec Wil ce soir, serais-je démasqué ? Puis je redescends en fond de court me remémorant, tout sourire, que ces tubes, dans le temps, étaient jaunes.
Convaincue ou vexée, elle me donne un tube de Mitosyl.
Jeu, set et match.
Un homme, un vrai, ça se nourrit de bête morte et qui sent mauvais. Nous voilà donc chez Coco pour la traditionnelle Tripoux Party d’avant course, avec un Wilfried doutant des bienfondés diététiques du tripoux d’attente. Les statistiques sont pourtant formelles : tous les coureurs ayant mangé un tripoux le Vendredi soir ont fini la 180, et le cru 2015 ne dérogera pas à la règle. Corinne est un peu inquiète pour son appartement et laisse la hotte à fond pendant tout le repas.
Heureusement nous sommes capables de hisser le niveau sonore aidés par la bière artisanale de TALDIUS. La tradition, ça a du bon. Bilan dans l’appartement à J+8, Coco en a fini de ses maux de tête et si une subtile odeur plane probablement encore dans l’air, il suffira de remplacer le canapé et de faire bouillir draps et rideaux pour que le logement redevienne salubre.
Un homme, un vrai ça partage pas son lit avec un demi-homme type Wil38. Alors comme l’hôtel est vide suite à l’annulation de la fête des lumières, je change notre grand lit d’amour contre une chambre Twin. Je suis définitivement pas un mec facile.
Rendez-vous 6h30 à la halle Garnier. Des camionnettes dotées d’un lampion sur le tableau de bord attendent les clients insomniaques pour un dernier ravitaillement en vol. (Des hommes des vrais ?…) Un autre style d’endurance, et là effectivement le Mitosyl n’est probablement pas la crème appropriée. Passons.
Les retrouvailles, la photo de famille, les anciens qui crânent et les futurs anciens qui s’interrogent, nous voilà prêts à partir sous une météo clémente et des chemins secs : c’est presque de la triche.
Arthur a rappelé les consignes et s’empresse de les transgresser en emmenant le peloton à un rythme soutenu. En principe il n’y a que le départ qui est endiablé.
Je décide de faire de la résistance et ferme la marche en multipliant les photos de l’arrière du peloton, encadré par Wil, Joëlle et Ana.
Tant pis, les vannes pourries seront réservées aux seuls trainards. Le soleil a du mal à percer mais la température monte en flèche dès qu’il y parvient.
Je ne sais pas comment aurait réagi ma pharmacienne si je lui avais demandé de la crème solaire la veille. Pas de chance, à Soucieux on se caille un peu. Comme à l’accoutumée, la boulangère est prise au dépourvu par notre arrivée et nous la dévalisons. Son mari essaie bien de se justifier, mais on n’a pas le temps de l’engueuler : sa femme s’en charge très bien toute seule.
Café sur le stand du téléthon et on repart ne sachant pas trop si le rythme est adéquat : on est dans l’horaire, mais ça ne veut rien dire vu que le parcours a changé, alors ma foi, hardis allons de l’avant et on verra bien.
Le pt’tit dej avalé, nous tombons sur un ravito sauvage concocté par Jean Michel. Le jus de fruit cogne un peu, il l’a bonifié au rhum et il nous sort des bières tout-droit issues du TOR. Respect.. Il récidivera dans l’après-midi pour un goûter titrant largement plus de 10°
Nous voilà repartis vers Saint André et un passage mythique, vertigineux, point culminant de la course à presque 1000m d’altitude. Enfin c’est l’avis des organisateurs. Mais là ils en font trop je trouve. Mais pas le LUR, car à défaut de relief scabreux et d’une montée éreintante, nous arrivons à une table d’orientation garnie de bières. Merci Olivier et Anthony.
Et hop nouvelle photo de famille avant de dérouler gentiment jusqu’à Ste Catherine.
Là, pas de dessin, toute personne ayant fait la 180 sait ce que cet arrêt veut dire et les autres ne peuvent l’imaginer. Un seul mot. MERCI. Et merci à LED LENSER pour la super lampe offerte . Une pensée émue pour la batterie de WC chimiques n’ayant à cette heure subi aucun outrage. En plein soleil c’est presque un régal de s’y assoir pour se faire dorer la pilule.
On a beau trainer un peu, le rythme et la météo nous mettent désespérément en avance. Pourtant derrière on papote et avec des digressions non maîtrisées un membre du LUR en arrive à cette phrase qui sera peut-être culte un jour : « moi je serai plus facilement chanteur lyrique parce que j’ai les cuisses qui frottent ». Faut être connaisseur et avoir quelques éléments de contexte pour apprécier pleinement la portée de ce trait d’esprit. Vous n’aviez qu’à rester courir avec nous à l’arrière pour savourer. Au fait, il reste près de 100km, non ?
Trop en avance donc, pas drôle, on s’approche de St Christo sans les frontales, c’est une première.
Ca risque de ne pas partir en vrille en arrivant sur St Etienne. Et effectivement on n’est jamais arrivés aussi groupés pour une photo finish toujours aussi émouvante. Un moment pour crâner lorsqu’on côtoie les bus de coureurs débarquant de Lyon. C’est presque la fin de l’entente cordiale, on va se diluer, s’anonymiser dans le flot des coureurs, en plein ON.
Transition via le Flore, un moment toujours aussi convivial nous remettant dans le bain de la course. 4h pour manger et tenter de se reposer, c’est presque trop. Un léger couac tout personnel: on ne s’est pas compris avec Taldius, il n’a pas mon dossard pour le retour…
Le plus embêté des 2 c’est clairement lui, du coup ça m’embête aussi et nous voilà à égalité. Pas de souci, je repartirai en OFF quitte à devoir négocier un peu aux ravitos.
Une photo avec Caro de la Team NECKER sur la ligne de départ pour faire un peu de pub pour le don d’organes et nous voilà repartis à minuit après un hommage émouvant des organisateurs aux victimes du 13 Novembre.
Rien d’extraordinaire jusqu’à St Christo, et après je ne sais plus car je dors en marchant. Pas grave, ça va pas durer. Sauf que 3 heures plus tard, je continue à me faire doubler en zigzagant sur le parcours.
La semaine précédente était chargée, sauf en sommeil avec un aller/retour en Inde. Décollage Bombay à 2h30 du matin et atterrissage à Roissy Jeudi matin, ben ça se digère moins bien que la nourriture spicy. Je profite du feu de bois fait par TALDIUS en pleine forêt pour dormir un peu puis repars au lever du jour toujours en titubant.
La preuve, je me mets à discuter avec une coureuse qui se fout de moi au bout de 10 minutes : c’est super Coco que je n’avais pas reconnue (faut dire qu’elle change de bonnet tous les 10km, ça n’aide pas). A partir de ce moment-là elle sera mon réveille-matin permanent, genre radio survoltée mais sans les pubs. Nous voilà partis pour faire course commune durant les 7 heures qui nous séparent de la ligne d’arrivée et aller chercher son record sur l’épreuve. Et il est hors de question que je vous raconte tout ce qu’on a pu se dire. En vrac Il y était notamment question de cours de prononciation, de douches mixtes et d’équipe de France d’aviron, les trois sujets imbriqués de façon assez improbable. Une fois de plus vous n’aviez qu’à être là. Notamment Wil qui finira 1 minute avant nous.
Sachez juste qu’on a fait un chassé-croisé avec un couple d’amoureux engagé sur leur premier trail et qu’on a tout tenté pour les gratter, portant l’estocade sur le plat descendant du pont Raymond Barre. Une allure insoutenable à 10 voire 11km/h qui les a laissés sur place et permis à Coco d’arriver en crânant avec ses Greemlins.
Dommage, en raison des consignes de sécurité la salle Garnier était assez lugubre. Pour le Fun, je suis allé récupérer un TS Finisher, devenant probablement le premier à boucler ce double parcours en OFF.
Un grand merci à Anthony (le même que la veille) pour m’avoir ramené mon sac et d’avoir veillé sur nous jusqu’au bout,
Merci à Olivier et bien entendu Jean François. Pas de bol Olivier, vu que je t’ai piqué pas mal de photos, je ne t’ai pas dans ce petit récit…
Un petit pincement au coeur de n’avoir pas pu faire de photo finish avec les rescapés comme les années précédentes, pourtant le jaune nous va si bien…
Et bien évidemment, cette petite contribution est dédicacée tout spécialement à Gilou et ses proches. Je ne peux pas envisager de ne pas revenir boucler le parcours avec toi l’an prochain. Prêt à faire le OFF en OFF s’il le faut.
Biz au LUR.